Maud a fait le Bypass et nous raconte son expérience ! (-52kg !)

Bonjour à vous ! Aujourd’hui c’est un article particulier, car je ne vous partage pas une partie de ma vie, mais c’est plutôt Maud, jeune femme de 28 ans, qui vient du Valais et qui nous raconte ce qu’elle a traversé lorsqu’elle a décidé de faire le Bypass, en décembre 2018.

Pourquoi je vous parle du parcours de Maud, alors que je ne suis pas touchée par le surpoids ? Car simplement ce qui m’intéresse depuis pas mal de temps, c’est de connaître les différentes épreuves de vie par lesquelles les gens sont passés, et comment ils ont fait pour les surmonter.

Ni une, ni deux, je l’ai contactée sur Instagram et on s’est donné rendez-vous pour une interview. Les mots que j’emploie ici, sont ceux que Maud a utilisé pour parler de son expérience, que j’ai simplement retranscris sous forme de récit.

Je vous invite également à vous renseigner auprès d’une diététicienne/chirurgien/médecin pour tout complément d’information 🙂

Et je précise que comme tout acte chirurgical, il peut y avoir des répercussions négatives à vie, les erreurs médicales sont partout. Je suis tombée récemment (en juillet 2022, j’ai mis à jour l’article après publication) sur une vidéo d’une jeune femme qui est décédée 3 jours après l’opération, à l’hôpital, suite à une erreur du chirurgien. Je vous invite à aller voir cette vidéo pour plus d’informations.

Son histoire

Maud m’a raconté qu’elle a été en surpoids depuis qu’elle a 5-6 ans et que dans sa famille il y a des gènes qui sont favorables à l’obésité. D’ailleurs elle a reçu beaucoup de commentaires négatifs sur son corps quand elle était petite et ado… De plus, chez elle le poids est plutôt psychologique ; lorsqu’elle va bien elle perd du poids, et lorsqu’elle va mal, elle en prend.

130kg décembre 2018 – 86.5kg mai 2020

Avant de faire le Bypass, elle a testé différents régimes, des pilules amincissantes, des algues… mais comme ça ne se stabilisait pas, elle a aussi été chez une diététicienne, avec laquelle elle a perdu du poids, mais a aussi beaucoup repris.

Finalement elle a décidé de se diriger vers le Bypass et en a parlé à sa diététicienne. Ça lui semblait être sa dernière solution.

Mais pourquoi en venir au ByPass ?

Maud m’a expliqué qu’elle a toujours voulu devenir maman, mais on lui a fait prendre conscience qu’une grossesse à vivre avec son obésité, ça serait vraiment difficile. Mais à l’époque Maud s’aimait bien comme ça, elle avait appris à s’accepter telle quelle. Il n’y avait donc pas de raison pour elle de se faire opérer.

Puis elle s’est installée avec son copain, et là elle est passée de 110kg à 135kg. Pourquoi ? Car n’habitant plus chez sa mère, il n’y avait plus personne pour lui dire quoi manger ou pas manger, et surtout elle pouvait s’acheter tous les trucs qu’elle voulait (et qu’il n’y avait pas chez sa mère). Du coup tout cela a fait qu’elle a pris beaucoup de poids.

Un jour son métabolisme a dit stop. Qu’elle diminue ses quantités (par exemple au lieu de boire un litre de thé froid elle en buvait un verre) ou pas, tous les mois elle prenait pile 2kg. Elle en a eu marre et pendant un mois elle a mangé comme elle voulait, sans se priver. Ce qui est fou c’est que même lorsqu’elle se privait, elle prenait 2kg.

Du coup là ça allait être la douche froide ! Combien de kg avait-elle pris vu qu’elle avait mangé tout ce qu’elle voulait tout le mois ? Eh ben… 2kg. Ça n’avait rien changé du tout. Là c’est le métabolisme qui a parlé et qui a dit stop.

Et c’est là qu’elle s’est dit qu’elle n’avait plus le choix, et qu’il allait faire l’opération. Résultat ? Quand elle a commencé son parcours (à suivre les cours d’information) elle a arrêté de prendre du poids sans rien changer à son alimentation. C’est fou !

9 mois d’écart entre les 2 photos, mais la même robe ! (et un Bypass)

Dans son cerveau, ce n’était plus une pression de se dire « tu dois perdre du poids, tu dois perdre du poids pour ta santé ». La situation s’était débloquée, et son cerveau s’est dit « je sais qu’il y a une solution, il y a la lumière au bout du tunnel ». Et depuis ce jour-là, elle n’a plus pris de poids.

Et elle avait également très mal aux pieds, elle pouvait à peine les poser par terre car ça lui faisait hyper mal et devait tout le temps se les masser. Quand elle marchait, elle souffrait. Le matin elle mettait 20 minutes à poser les par terre, parce qu’elle avait super mal (c’est une aponévrose plantaire). Là elle s’est dit que c’était sa santé qui était en jeu et qu’elle pouvait pas s’imaginer enceinte plus tout ce qu’elle avait déjà. Du coup elle a commencé le parcours du Bypass.

Surtout qu’ils préconisent 2 ans d’attente entre la fin de l’opération et le début de grossesse.

De l’idée à la pratique

Il faut savoir qu’il y a 3 cours à suivre (en Suisse romande en tous cas, hésitez pas à vous renseigner !), avant de faire un Bypass : un sur l’aspect psychologique, un cours sur l’alimentation, et un en lien avec la chirurgie en elle-même. Et ils commencent par ce dernier, pour que les gens soient réellement conscients dans quoi ils vont s’embarquer. – Les cours sont aussi remboursés par l’assurance.

Il faut aussi être en contact avec un chirurgien. Les cours durent 2h et pour celui sur l’alimentation ils conseillent de venir accompagnés, ce qui est vraiment utile et pertinent, car du coup Maud y est allée avec son copain, pour que lui se rende compte de ce qu’elle allait vivre, les enjeux et comprennent que si elle va manger qu’une cuillère à soupe de tel et tel aliment, au début, c’est normal.

Et à chaque cours, il y a toujours des gens en moins, car plus le temps passait et plus les gens se disaient que finalement ce n’était pas pour eux. Car ils montrent les images de comment sera le corps après, la chirurgie interne, etc. Mais Maud, elle était convaincue et de plus en plus intéressée !

Ils ont aussi montré les cicatrices, qui seront uniquement au niveau du ventre. Aujourd’hui elle en a donc 5 petites, comme des petites coupures de 1-3cm et qui avec le temps, ne se voient quasiment plus !

Avant l’opération, Maud avait rendez-vous avec un endocrinologue aussi, pour regarder le taux d’hormones, la thyroïde, les carences, prises de sang etc. Puis un rendez-vous par une diététicienne pour un bilan alimentaire. Elle a dû faire aussi un test sur l’apnée du sommeil, un test des poumons et une gastroscopie (pour voir dans quel état était son estomac et son foie).

Elle a donc dû faire un régime pré-opératoire pour que son estomac soit moins gras et prenne moins de place, parce que sinon les chirurgiens ne pouvaient pas bien effectuer l’opération.

Elle a suivi également 3 rendez-vous avec des psychologues, pour voir si elle était prête pour être opérée ou pas. Maud a été honnête dès le départ, que ses craintes étaient surtout par rapport à son copain. Car il l’a toujours connue grosse, et elle savait pas comment elle allait finir après ! Elle avait peur qu’il ne l’aime plus après. Car on sait pas combien de kg on perd, ça peut être 50kg, comme 80kg aussi ! Ça dépend vraiment des métabolismes de chacun. D’ailleurs elle a parlé à sa psy après l’opération, elle l’a vue 3-4 fois, mais comme ça allait tellement bien, elle lui a dit que c’était inutile de continuer, qu’elle avait toutes les ressources en elle 🙂

Bref, à la fin de tous ces rendez-vous, ils fixent une date d’opération et en général il y a un mois de délai.

Il faut être préparé à voir son corps changer, car ce sera comme un ballon de baudruche qui va dégonfler.

Juste avant l’opération

Maud a dû faire un régime pré-opératoire pendant 2 semaines, pour dégraisser le foie, qui consistait à manger des produits laitiers, de la viande blanche, des légumes, maximum 200g de féculents… et déjà là elle a perdu 4kg avant l’opération.

Le jour de l’opération elle était super sereine et pas du tout stressée. Elle était prête !

Et après l’opération ?

Déjà elle était en arrêt de travail pendant un mois, repos oblige et ne devait rien porter. Donc elle qui est éducatrice, elle a eu 2 semaines à 50% car du coup elle devait éviter de porter les bébés.

Elle a dû rester 2-3 jours à l’hôpital après l’opération, mais tout dépend des hôpitaux. Sinon à peine sortie de l’opération, elle avait déjà perdu 4kg. Un mois après, 10kg. Le deuxième mois, elle a perdu 5kg. Après elle perdait entre 1kg et 4kg par mois. « On perd donc beaucoup rapidement, et plus les mois passent, et moins on perd, mais on continue toujours à perdre. Donc au final sur un an on perd beaucoup ! » Sur 9 mois, elle a perdu 50kg.

Je me demandais si quand elle perdait 5kg, ça se voyait tout de suite. « Honnêtement ? Non » Les 10kg qu’elle a perdu le premier mois, elle les avait pas vus. Mais ça ne l’a pas découragée, elle savait que ça faisait partie du processus car elle avait été préparée psychologiquement avant, justement.

Elle explique d’ailleurs ce que c’est que la dysmorphie : c’est lorsque quelqu’un n’a pas peur d’un défaut physique puisqu’il est persuadé qu’il existe et qu’il est une réalité. En effet le cerveau est tellement habitué à se voir d’une certaine manière, que du coup même si tu maigris un peu, il transforme l’image que tu vois dans le miroir, et du coup tu le vois pas. Alors que si tu te prends en photo, c’est là que tu vois la réalité, car il n’est pas capable de transformer quelque chose qu’il voit comme ça. D’où les conseils de se prendre beaucoup en photo, même si c’est pas facile et c’est ça aussi qui l’a aidée après 15kg, à prendre conscience qu’elle a perdu du poids 🙂

Côté alimentation, elle a eu un mois de « régime » post-opératoire où elle a dû manger que des purées. Et c’étaient des petites quantités, genre 1 ou 2 cuillères, car elle n’avait plus faim (puisqu’ils lui ont coupé une partie de l’estomac !). D’ailleurs elle explique qu’elle a passé 2 ans sans avoir faim du coup, les envies sont revenues lorsqu’elle est tombée enceinte.

Elle a tenu 10 jours en mangeant que des purées, après elle ne faisait que de les vomir… elle a appelé son chirurgien, qui lui a dit de tenir encore quelques jours. 2 jours après, n’arrivant vraiment pas, elle a appelé son chirurgien et a regardé avec lui pour une solution. Elle a donc pu cuire des aliments et les couper en tout petit, puis les avaler après les avoir longuement mâchés. Elle avait aussi prévenu la diététicienne pour qu’elle soit au courant. C’est pas l’idéal, mais comme elle vomissait tout, c’était la meilleure option.

Et aujourd’hui ?

Le but de base était de retrouver ses propres sensations. « Car quand on est obèse, on est un peu privés de tout ça ». Maud a été « privée de biscuits » et d’un coup elle a pu manger autant de biscuits qu’elle voulait, elle ne s’écoutait plus. Aujourd’hui si elle a envie de pâtes, elle mange des pâtes. Si elle veut manger un paquet de biscuits pour le souper, elle les mange. Et c’est mieux ça que de manger ton souper ET un paquet de biscuits après. Et peut-être que si ce soir-là t’as mangé un paquet de biscuits, le lendemain t’en auras pas envie, et que peut-être t’auras envie de manger des légumes. En fait c’est vraiment de se reconnecter à ses sensations et se rendre compte que le corps est bien fait, il sait ce qu’il a besoin. Et on évite un maximum les régimes. Une fois opéré, le but c’est de ne pas mettre un contrôle sur son alimentation, mais se reconnecter à ses sensations.

Le sport est recommandé en plus, sauf le premier mois où il faut privilégier la marche. D’ailleurs c’est comme ça que Maud a commencé le fitness. Au début elle y est allée une fois par semaine, puis 2 fois par semaine. De plus par son métier elle bouge déjà pas mal au quotidien (elle est éducatrice de l’enfance), donc pour son chirurgien c’était déjà un bon point. Pour quelqu’un qui travaille dans les bureaux par exemple, il faudrait faire minimum 1-2 fois par semaine du sport, histoire de bouger un minimum quand même. L’idéal serait de faire monter le coeur qui bat vite au moins une fois par jour.

Aujourd’hui elle doit prendre une complémentation à vie de vitamines, fer, zinc, calcium, B12, B9, vitamine D… car c’est le haut de l’intestin qui absorbe ces éléments, et comme il est coupé, il ne peut plus les absorber. Il va les ingérer, mais c’est pas énorme. C’est un peu le point négatif de l’expérience disons :/ Mais les gens sont prévenus avant l’opération de tout ça. Elle a aussi un rendez-vous annuel à vie avec le chirurgien (en tous cas avec le sien c’est comme ça, c’est pas obligatoire avec tous les chirurgiens).

Aujourd’hui elle se sent super bien ! Elle avait de la peine à se voir mince pendant un certain temps (elle est arrivée à 79kg une fois) car ça ne correspondait pas à son identité. Selon Maud, elle était elle-même avec des formes, et pas quand elle était mince, donc vers les 85kg. Ceci dit, aujourd’hui elle est à 78kg, même après sa grossesse ! 🙂

Les infos diverses

Pour le prix, cela dépend de chaque chirurgien, mais en Suisse, l’intégralité est remboursé par l’assurance. Elle a donc payé uniquement 500 CHF au maximum.

Le conseil de la fin

Se réconcilier avec son alimentation, c’est la base de tout, selon Maud. C’est le conseil qu’elle donne à celles et ceux qui aimerait faire le Bypass. Du moment où vous avez pas soigné votre alimentation (car quand quelqu’un est obèse c’est qu’il a des troubles alimentaires), vous avez des risques d’échecs car vous allez repartir dans des régimes etc. Si vous avez pas fait la paix avec tout ça, vous partez avec un handicap. Parce que des fois on reprend un peu de poids et si on a pas fait la paix avec son alimentation, on part avec un handicap. Elle dit pas que ça ne marchera pas, mais vous aurez toujours des démons. Alors que si vous avez guéri avec l’alimentation, ce sera plus facile.

D’ailleurs c’est ce qu’elle a fait aussi, elle a fait tout un travail avec sa diététicienne pour s’en sortir et être vraiment à l’écoute de son corps. Pour elle le plus difficile, c’était d’avoir peu du manque. Elle avait peur d’avoir faim plus tard et que s’il y avait un plat qu’elle aimait beaucoup, qu’il y en ait plus après. Du coup ce qu’elle faisait, c’est qu’elle se servait une bonne quantité dans un tupperware et si elle disait que si elle voulait en manger encore, ben elle pourra en manger plus tard. Et du coup elle faisait ça, mais plus tard elle n’avait plus faim et du coup elle mangeait pas.

Ça la rassurait qu’il y avait le repas de côté au cas où, et comme elle était rassurée, elle n’avait pas besoin de combler le manque. Mais tout ça elle l’a travaillé avant avec sa diététicienne. Elle a aussi suivi Elyane C. sur Instagram, qui parle beaucoup d’alimentation intuitive. « Est-ce que tu réfléchis comment tu dois respirer ? Non. Est-ce que tu réfléchis comment tu dois aller aux toilettes ? Non. Alors pourquoi tu réfléchis à comment tu dois manger ? » Donc voilà, c’est revenir à ça.


Je remercie encore une fois Maud pour le partage de son expérience ! Hésitez pas à la contacter sur son compte Instagram si vous avez des questions, même si vous êtes pas encore une future opérée (son compte est privé), ou à les poser ici en commentaire 🙂

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Myrtilla
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  • 6 commentaires
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6 réponses à “Maud a fait le Bypass et nous raconte son expérience ! (-52kg !)

  1. Hello Roberta,
    C’est une super idée d’avoir interviewé Maud sur ce sujet !
    Je n’ai pas de soucis de poids, j’ai cette chance, mais je comprends tout à fait. J’avais une collègue qui a ce souci… Et qui l’a toujours d’ailleurs. Malheureusement quand c’est dans les gènes c’est pas de chance, et ça peut gâcher la vie.
    J’espère que Maud se sent mieux et que sa santé va bien !
    Bonne soirée
    Claire

    1. Hello Claire ! Merci, j’ai trouvé que l’expérience était super intéressante que je me suis dite que ça allait être une bonne idée de la partager ici 🙂
      Oui elle m’a dit qu’elle se sent super bien 🙂 Merci de demander ! bonne soirée à toi !

    2. Hello Claire, merci beaucoup ! Oui les Gênes n’aident pas mais le métabolisme se transforme aussi et n’est plus du tout le même après 5 « régimes »! L’obésité est tres complxe malheureusement. C’est reellement une maladie (ca a été d’ailleurs difficile pour moi de l’appeler ainsi en début de parcours !). Actuellement je suis tres tres heureuse et mon seul regret est de ne pas l’avoir fait avant ! Et parallèlement je suis contentd de l’avoir fait « que » a ce moment la car mon parcours de vie a fait que c’était le bon moment !

  2. Coucou!

    J’adore cette catégorie d’article ! C’est si intéressant d’avoir le témoignage des gens. Je connais Maud, elle m’a toujours épatée (mais je crois que c’est parce que je suis fan de ses cheveux ahaha).

    C’est fou ce parcours, ça parait si « facile » le bypass parfois mais enfaite c’est une sacrée expérience!

    Merci pour cet article j’ai adoré!

    1. Hello ! merci beaucoup 🙂 j’aimerais en publier d’autres en tous cas !
      Ahaha oui elle a toujours des belles couleurs de cheveux 😛
      Oui je pensais que c’était plus facile, au final c’est vraiment pas évident, j’ai appris beaucoup de choses…
      Merci à toi pour ton commentaire !

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