Lucie nous raconte sa transition de genre !

Hello ! Vous l’avez remarqué, j’ai commencé récemment une nouvelle série d’articles, un partage d’expérience de vie. La fois dernière, je vous partageais le parcours de Maud qui a fait un ByPass et perdu 52kg.

Aujourd’hui c’est un article un peu différent que d’habitude, vous l’avez vu dans le titre, j’ai voulu vous partager l’histoire de vie de Lucie, jeune femme de 23 ans, qui a changé de genre. Avant, elle a avait le physique d’un homme et s’appelait Nicolas, mais au fond d’elle, elle a toujours su qu’elle était une femme. C’est ce qui l’a amenée à faire cette transition.

J’ai trouvé son parcours très intéressant alors j’ai voulu vous le partager ici. Peut-être que ça pourra aider d’autres personnes ! Lorsque des phrases seront entre guillemets, c’est que j’aurai employé les mots exacts de Lucie. J’ai retranscris le texte à la troisième personne, donc les mots utilisés sont également les siens 🙂

Merci de rester bienveillants dans l’espace commentaire et si vous avez des questions, hésitez pas à les laisser en commentaire ou à me les envoyer par e-mail (myrtilla.22@gmail.com) et je les transmettrai à Lucie pour qu’elle vous réponde. Néanmoins elle souhaite rester anonyme, voilà pourquoi il n’y aura pas de photos d’elle avant/après.

Son histoire

Lucie a donc 23 ans, et sa famille est composée de ses parents, un demi-frère de 32 ans, une demie-soeur de 29 ans et une petite soeur de 20 ans, avec lesquels elle a grandi et vécu ensemble. D’ailleurs elle s’entendait très bien avec eux.

Quand elle était enfant, elle s’appelait Nicolas.

J’utiliserai le pronom « il » pour quand il était enfant, car c’est plus facile pour la lecture.

Nicolas était un garçon très efféminé et a toujours été intéressé par des jeux dits « de fille ». Il n’avait aucune petite voiture chez lui et ça ne lui intéressait pas. S’il y avait des garçons qui jouaient avec lui avec des voitures, il jouait avec par principe, mais pas par intérêt. Il était plus intéressé par amener ses petits poneys à la garderie et y jouer avec ses copines.

Son papa l’avait inscrit au foot et lui, il dansait, bref, c’était un échec, en rigole aujourd’hui Lucie.

« J’ai toujours su que j’étais en décalage avec les autres, parce que je savais très bien que je n’avais pas les mêmes centres d’intérêt que mes camarades je dirais, mais c’était tout le temps. Je rentrais chez moi, la première chose que je faisais, c’est que j’allais enfiler les talons de ma mère ou de mes sœurs, il fallait que j’essaye leurs robes, je voulais tout le temps maquiller ma petite sœur, je coupais les cheveux de ses Barbies… vraiment j’ai toujours été là-dedans ! » raconte Lucie.

« Mes parents ont essayé de m’acheter des voitures et tout, mais ça n’a pas marché. Mon père m’a inscrit au foot, mais moi j’avais besoin de danser, j’avais besoin de faire un sport artistique. Mes soeurs étaient inscrites au twirling, moi aussi j’avais trop envie d’en faire ! Mais jusqu’à mes 10 ans mon père ne voulait absolument pas que je fasse du twirling, pour lui c’était un sport de filles, du coup moi je m’entraînais toute seule sur la route devant chez moi, je rentrais de l’école, je prenais mon bâton puis j’allais m’entraîner ».

La première annonce

Selon Lucie, son papa avait déjà un peu compris. En fait c’était déjà clair pour tout le monde ! Mais au moment où elle l’a dit, il y a la réalité qui arrive. Pour certains ça été un peu surprenant, pour d’autres pas, même si des fois les gens ils ne savent pas comment réagir.

En fait, lorsqu’elle a commencé son apprentissage, elle a d’abord annoncé à son entourage qu’elle n’avait aucun intérêt pour les femmes. Donc vers ses 16 ans, elle a dit qu’elle aimait les hommes.

Elle se rappelle que sa maman avait remarqué que Lucie ne disait pas « je suis gay », mais « j’aime les hommes ». Puis une fois que c’était clair pour tout le monde, elle a commencé à se maquiller. D’abord un peu d’eyeliner, puis un peu de poudre… tout s’est fait petit à petit.

La deuxième annonce

Elle a ensuite appris grâce à une connaissance d’une amie, qu’il existait un centre qui faisait les changements de genre. Du coup elle a appelé et tout s’est fait de fil en aiguille. Elle avait 19-20 ans.

Tout d’abord il y a quatre séances à faire avec un psychologue. Globalement tout allait bien pour elle, c’était très clair dans sa tête, car elle avait déjà pris le temps, et elle avait fait son coming out qu’elle aimait les hommes et en plus ça faisait déjà 2 ans qu’elle en parlait à ses copines, le travail était déjà fait dans sa tête.

C’est entre la première et la deuxième séance avec le psy, qu’elle a annoncé à ses parents ce changement plus important qu’elle voulait entreprendre. Et là aussi, l’annonce s’est très bien passée, c’était un peu la suite logique pour tout le monde : « on attendait depuis Noël que tu nous en parles », ont-ils dit.

Le début de la transition, la première opération

Après avoir fait les séances avec le psy, il évalue en fonction de l’état du patient ou de la patiente, si selon lui c’est ok pour commencer la transition. C’était aussi le moment où elle s’est renseignée pour le changement de prénom. Pour cette partie, elle a fait appel à une association qui lui avait été conseillée par les psychologues. Une dame s’est occupée de toutes les démarches et l’a aidée à trouver un nouveau prénom. Et c’est devenu officiel environ une année après, que ce soit dans le quotidien ou sur les papiers. Elle s’appelle donc Lucie.

En ce qui concerne le début de la transition physique pendant une année, il faut prendre un traitement hormonal, qui augmente au fur et à mesure. Les hormones ça change tout le corps, ça répartit la graisse un peu différemment, ça fait perdre des muscles et puis ça change la voix. « Enfin ça dépend de chaque personne. Chez une personne ça va être plus la voix, chez une personne ça va être plus le visage… moi mon visage il a changé je trouve, notamment les mâchoires ! Ça fait pousser aussi légèrement les seins, mais là aussi ça dépend de chacun-e. Il y en a chez qui ça pousse plus, moi ça faisait genre comme quand t’es adolescente, juste deux petites boules… ça dépend vraiment de chaque personne. Un peu comme tout dans la vie. Des fois j’arrivais au travail et je pleurais, mais je savais pas pourquoi, du coup il faut gérer ses hormones… et j’ai aussi pris un petit peu de poids, donc c’était un peu un point négatif je dirais ».

Et au bout de cette première année, il y a donc la première opération qui arrive. Ça c’est un peu en fonction de ce que les gens ont envie de refaire, parce qu’ils proposent plein d’opérations, il y a des gens qui se font le visage etc, mais Lucie a décidé de faire que la poitrine, pour commencer. C’est d’ailleurs elle qui a pu choisir la taille, mais c’est aussi en fonction de sa morphologie.

D’ailleurs pour les opérations apparemment il ne serait pas possible de d’abord changer en bas et après en haut, pour un point de vue d’assurance. D’ailleurs Lucie ne l’aurait jamais fait dans ce sens-là (d’abord en haut et après en bas), elle explique que « l’année où j’avais fait le changement en haut et pas en bas c’était horrible, car pour moi c’était en bas l’important ; il y a des femmes qui ont pas de poitrine, donc ça aurait été moins grave pour moi ».

Elle a toujours été sûre d’elle, que ce soit durant la prise d’hormones ou avant l’opération, mais c’est vrai qu’après les opérations elle était toujours un peu shootée. « Quand je me suis réveillée, le premier truc que je me suis dite c’est qu’ils étaient trop moches ! Parce que la forme que tu vois du dessus ce n’est pas la même forme quand tu vois une femme comme ça, en face ! Du coup j’ai pleuré, j’ai dit aux infirmières que c’était raté, c’est trop moche, mais elles disaient qu’ils étaient trop beaux ! ».

Après elle les a quand même acceptés, mais pendant une année c’était dur pour elle, parce qu’elle avait l’apparence d’une femme, mais pas complètement. Pour elle, l’opération de la poitrine c’était plus pour les autres, pour l’apparence qu’elle renvoie, par contre l’autre opération (du bas) c’était plus pour son bien-être à elle. « C’est comme si j’étais une Ferrari mais avec le moteur d’une voiture poubelle. Du coup tu vas faire monter personne dans ta Ferrari parce que quand tu vas démarrer, on va se moquer de toi, voilà c’est un peu ce principe-là ».

« Après c’est vrai que dans la rue les gars me regardaient différemment, c’est clair que là il n’y avait plus de doutes ! Parce qu’avant quand t’es un homme qui aime les hommes, t’es toujours jugé, ou regardé différemment. En plus je portais du maquillage… alors que là, en tant que femme qui aime les hommes, ben ça passe mieux. »

Concernant les infos pratiques, elle a été en arrêt de travail durant 1 mois.

La fin de la transition, la deuxième opération

En tous cas elle n’a jamais douté, a toujours été sûre de ses choix. Juste un petit peu pour la deuxième opération, car il n’y a pas de retour en arrière possible. Elle a aussi fait de l’hypnose pour mieux être accompagnée durant cette transition, sur son bien-être, le stress, etc.

Après l’opération, elle n’a pas eu trop de douleurs. Certes, elle sentait qu’il y avait eu l’opération, d’ailleurs elle est restée 5 jours à l’hôpital, puis a pu rentrer à la maison. Pendant ce temps-là à l’hôpital, elle était sous morphine, elle avait une sonde pour uriner et elle avait également une sorte de « dilatateur », qui maintient le v*gin ouvert. Puis le reste du temps elle est restée un mois chez ses parents, car elle ne pouvait pas marcher ni se lever, mais elle devait continuer à faire elle-même les soins post-opératoires, c’est-à-dire insérer tous les jours, matin, midi et soir, cette sorte de dilatateur pendant 30 minutes, car vu que c’est une plaie ouverte, il ne faut pas que ça se referme, et en plus ça saigne un petit peu lors du soin. Par la suite la fréquence diminue et il faut faire le soin juste une fois par jour.

Je lui ai demandé si ça faisait mal, et elle m’a dit que non, que c’était désagréable, mais que ça ne faisait pas mal et que c’étaient des sensations bizarres, qu’elle n’avait jamais connues auparavant.

Et pour aller aux toilettes, au début elle avait de la peine, car elle ne savait pas comment ça fonctionnait (ce qui est normal !), du coup la première fois elle est restée 15-20 minutes sur les wc à essayer et après elle a réussi 🙂

Et donc après elle a passé un mois chez ses parents, et là il faut vraiment rester tout le temps alité, elle pouvait juste aller aux toilettes. Pas plus que 20-30 minutes debout en tous cas. Et après, plus les semaines passaient, et plus elle pouvait bouger, marcher etc.

Concernant les sensations dans l’intime, elle avait l’impression que les sensations actuelles sont plus intenses que ce qu’elle pouvait ressentir avant. En tous cas elle trouve le résultat très bien, « elle est trop belle ! » affirme-t-elle.

Lucie a repris le travail à temps partiel 2 mois après son opération, et 2-3 semaines plus tard elle était de nouveau à 100%.

Aujourd’hui elle se sent enfin elle-même ! 🙂


En conclusion, elle conseille de juste s’écouter et de prendre le temps de faire chaque étape tranquillement, que ce soit dans les annonces à la famille ou pour la prise de décision. C’est d’ailleurs ce qu’elle a fait, elle a pris le temps de bien réfléchir avant chaque étape, et de ne pas tout faire dans la précipitation. Elle a été bien entourée depuis le début, à chaque annonce et à chaque étape.

Je remercie Lucie d’avoir pris le temps de me partager son histoire, sa vie et d’avoir accepté que je la partage à mon tour ici, avec vous. Merci de rester respectueux dans l’espace commentaires, comme d’habitude 🙂

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Myrtilla
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4 réponses à “Lucie nous raconte sa transition de genre !

  1. C’est vraiment très courageux de la part de Lucie d’avoir été jusqu’au bout pour enfin pouvoir se sentir elle-même ! Et c’est génial d’avoir pu y arriver aussi jeune, d’autres personnes ne le font qu’à la trentaine par exemple. Je lui souhaite beaucoup de bonheur. 🙂
    Même sans se sentir femme, on peut avoir envie de découvrir des choses quand on est très jeune. Par exemple, il m’est déjà arrivé de porter en cachette des collants féminins car je trouve ça trop joli et élégant. Je dis « féminins » car il existe des collants pour hommes mais je trouve qu’ils sont affreux. ^^

    1. Merci pour ton commentaire !
      Oui c’est vrai ! C’est cool que tu le partages par ici ! 🙂 Ahah alors écoute je sais pas trop, je m’aventure pas dans le rayon collants pour hommes donc je peux pas te dire mais je te crois su parole

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